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Photo du rédacteurIsa LISE

Comment lutter contre le harcèlement scolaire ?

Dernière mise à jour : 19 nov.


Lutte contre le harcèlement scolaire

Le harcèlement scolaire est un fléau que nous sommes bien trop nombreux à endurer ou avoir enduré. Une personne sur 10 serait concernée.

Mais à partir de quand parle-t-on de harcèlement scolaire ? Comment réagir lorsqu'on est victime ? Comment lutter contre le harcèlement à l'école, au collège ou au lycée ? Comment se remettre du harcèlement ?


A partir de quand parle-t-on de harcèlement scolaire ?

Une moquerie isolée, une bousculade isolée sont des actes à ne pas encourager, mais ils ne sont pas des harcèlements s'ils restent isolés.

Le harcèlement est un phénomène de répétition : moqueries à répétition, bousculades à répétition, brimades à répétition, mises à l'écart répétées, etc.

Le harcèlement peut prendre des formes variées : il peut être verbal, physique, psychologique ou même sexuel ! Oui, l'âge n'empêche rien, certains ne réalisent pas ce qu'ils font, ils croient à des "jeux", d'autres se moquent des violences faites et pour cause, une certaine littérature malsaine se développe chez les jeunes avec des scènes de viol où la fille prendrait du plaisir (le harcèlement scolaire sexuel ne va généralement pas jusqu'au viol, il s'agit davantage de jupes levées, seins touchés, etc.).

Il peut également s'agir de cyber-harcèlement.


Le harcèlement scolaire peut être le fait d'enfants, adolescents et/ou d'enseignants.


Le harcèlement scolaire a des conséquences graves. Il provoque perte de confiance en soi et en l'autre, tristesse et même désespoir.

Il peut engendrer des difficultés scolaires, faute de pouvoir se concentrer (ce n'est cependant pas systématique, certains se réfugiant dans leurs études pour oublier ; les résultats sont cependant rarement à la hauteur de l'investissement).

Il peut même avoir des conséquences à l'âge adulte, en particulier s'il n'a jamais été reconnu.


Quelques témoignages :

Clip de Keen'v pour en parler :


Film "Le jour où j'ai brûlé mon coeur" avec un ado qui s'est immolé (hélas histoire basée sur un fait réel).


Le calvaire de la petite Noélanie - Le Parisien décédée à 8 ans à cause du harcèlement (étouffements répétés et séquelles...).



Mon livre "Mourir à 11 ans" avec une issue plus positive à découvrir gratuitement en le téléchargeant ci-dessous. Cet ouvrage a été publié en 2017 avec l'association Cultitalents après une longue enquête. Il n'y est pas question de cyberharcèlement car les harceleurs n'ont pas attendu d'avoir des réseaux pour harceler et parce qu'on peut être victime dès le primaire.

Il vise à montrer comment le harcèlement est pernicieux, comment il grandit et qu'il faut cesser de croire que ce sont seulement des personnes à problème qui harcèlent et des personnes qui se laissent faire qui sont victimes. L'objectif est de prendre conscience que ça peut concerner tout le monde.

Vous pouvez le distribuer autour de vous à condition bien entendu de conserver toutes les mentions présentes dans le livre et de le distribuer à l'identique. Cet ouvrage a déjà été largement plébiscité par des parents et enseignants qui l'ont partagé avec leurs élèves.



Comment réagir lorsqu'on est harcelé à l'école ?

Lorsqu'on est harcelé, on réagit de plusieurs façons : par l'incrédulité (on se dit que ce n'est pas vrai), par le repli sur soi ou par la réactivité (contrairement à ce qu'on dit parfois, on peut très bien être victime et chercher à se défendre, ce fut mon cas dans un premier temps), par la résignation, par la honte (on pense être responsable), par la perte de confiance en soi, par la perte de confiance en l'autre (le harcèlement est possible parce qu'on est seul- ou presque- face au harcèlement), par la tristesse, par le désespoir.


En tant qu'ancienne victime, j'ai régulièrement bondi en lisant des conseils de personnes n'ayant jamais enduré le harcèlement et n'ayant pas testé leurs conseils. En effet, prétendre qu'il suffit de réagir ou qu'il suffit d'ignorer ne fonctionne pas.

A l'époque où j'étais victime de harcèlement, j'avais testé les deux. Sans succès.

Il est important de comprendre que le harcèlement perdure parce que la victime est isolée ! Elle peut être co-victime avec un ami. Il reste qu'il y a un immense isolement qui rend possible le harcèlement.


Donc la réponse la plus essentielle est de sortir de cet isolement en parlant de ce qui se passe et est ressenti :

  • parler aux parents (concernant le harcèlement par une enseignante de sport, c'est par exemple le fait d'en parler à ma mère qui elle-même est allée voir l'enseignante en lui faisant prendre conscience de mon handicap visuel et de son attitude inadmissible qui a tout changé et cette enseignante qui m'avait fait tant de mal, qui avait encouragé par son attitude le harcèlement des élèves, s'est révélée ensuite une personne soutenante !)

  • parler directement à l'enseignant impliqué si on se sent assez fort pour le faire, y aller en équipe si plusieurs enfants concernés. Parfois l'enseignant croit à des méthodes strictes et ne s'aperçoit pas qu'il va trop loin.

  • parler à l'équipe enseignante et au directeur d'établissement

  • parler à des camarades non concernés pour se sentir moins seul

  • parler aux harceleurs. Le faire n'est pas possible pour chacun et être soutenu par un camarade qui sera dans l'apaisement ou qui sera une simple présence soutenante peut être utile. Cependant, cela permet de mettre fin à certains harcèlements car les jeunes harceleurs croyaient "s'amuser" sans réaliser le mal causé.


Parfois une pause scolaire est nécessaire, il est possible de déposer un dossier d'autorisation en cours d'année, toutes les informations sont là.


Comment lutter contre le harcèlement scolaire à l'école, au collège ou au lycée ?

Le harcèlement scolaire nous concerne tous. Nous pouvons communiquer sur le sujet comme je le fais avec cet article.


En classe, il est essentiel d'expliquer ce qu'est le harcèlement.

On peut également développer l'esprit critique (réfléchir régulièrement à la violence, aux stéréotypes, aux préjugés) et favoriser la communication non violente.

Il est également essentiel d'éviter l'isolement puisque nous avons vu que c'est le levier qui permet au harcèlement d'exister.


La Finlande a mis en place un dispositif très intéressant pour lutter contre le harcèlement, c'est le programme Kiva.

Dans ce programme, les jeunes sont invités à jouer les médiateurs, à ne plus fermer les yeux et à prendre conscience des souffrances de la personne harcelée.

Une réponse solidaire aux résultats encourageants puisque 98 % des victimes ont vu leur situation s'améliorer grâce à ce programme. 


Il importe également de réfléchir aux causes. Si les causes disparaissent, le harcèlement est amené à disparaître ou être moins présent.

Voici quelques causes sur lesquelles on peut agir :

  • l'exemple : si nous communiquons de façon violente et/ou méprisante, les enfants nous imitent.


  • l'effet groupe : la plupart des harcèlements se produisent à l'adolescence parce que le phénomène groupe est particulièrement important à cet âge. En effet, la plupart des jeunes ont besoin de s'identifier à un groupe. Si un meneur fait de mauvais choix, le groupe tend à suivre sans réfléchir. Il est donc intéressant de se servir de cet effet groupe pour 1/sensibiliser particulièrement les meneurs en leur offrant des responsabilités de soutien, 2/ éveiller à l'esprit critique et parler, par exemple, des moutons de Panurge (attention il s'agit bien d'une lecture proposée et d'observations à faire, certainement pas d'une confrontation directe-parallèle qui aurait l'effet inverse !). 3/proposer des actions de groupe constructives et citoyennes.


  • l'expression des émotions : bien des harcèlements sont possibles parce que le harceleur, parfois même très intelligent, n'a pas du tout pris conscience des émotions du harcelé. Il n'en est plus capable car lui-même passe son temps à nier ses propres émotions, souvent parce qu'il a trop entendu qu'il fallait s'endurcir, ne pas dire ce qu'il avait ressenti.


  • le manque de communication : si on a perdu l'habitude de communiquer avec son enfant, d'une part l'enfant harcelé n'osera pas venir nous voir et d'autre part, ce manque d'habitude à bien communiquer amène le harceleur très facilement vers le harcèlement car, même si on ne le réalise pas au premier abord, le harcèlement est une forme de communication. Une communication nocive mais qui a ses raisons d'être. Ainsi dans le roman que j'ai rédigé, la harceleuse-meneuse ne parvient pas à exprimer son mal- être, elle choisit alors un "défouloir".


  • le manque de pause : à trop avancer, à trop être sollicité, à trop courir partout, on ne se pose pas, on ne prend ni le temps de recharger correctement ses batteries, ni le temps d'écouter ce qui ne va pas. Comment alors avoir de la disponibilité pour l'autre ? Il importe donc aussi d'encourager aux pauses et de les accorder. Les emplois du temps des collégiens sont souvent très chargés, parfois plus que ceux des parents salariés, il importe de les alléger. Et je ne parle même pas de cette contradiction biologique qui fait que le métabolisme des ados est fait pour s'endormir plus tard et surtout pas pour se lever à 6h du matin alors que le collège commence très tôt. La fatigue nous fait régulièrement faire n'importe quoi.


  • la peur : peur de l'autre, peur de ce qui est différent, peur de penser différemment, peur de ce qu'on ne connait pas. La peur peut nous amener à des comportements inadaptés. La peur peut cependant ou s'atténuer ou disparaitre si on permet de l'exprimer, si on informe et qu'une communication saine est possible.


Pour retrouver mon livre, c'est ici :


Comment se remettre du harcèlement scolaire ?

Il n'y a pas de solution miracle, mais on peut dépasser tout ça. Voici mon propre témoignage.

1/La première clé est que le harcèlement s'arrête. Tant qu'il dure, il n'est pas possible d'avancer.


2/La 2e clé est de réaliser qu'on a été une victime et qu'à aucun moment, on a été responsable de ce qui s'est passé (c'est aussi ce que j'ai essayé de montrer dans mon roman). 

Il est essentiel de se dire et de s'entendre dire qu'on a été victime et de remettre à leur place les "tu aurais dû".

Comprendre qu'on a été victime, c'est aussi exprimer pourquoi on a été victime.

Etre reconnu(e) victime est également souvent essentiel.


3/ Pour ma part, comprendre ce qui avait pu se passer avait été salutaire. J'étais différente d'eux et eux ne savaient pas communiquer correctement pour exprimer combien ma différence les perturbait . Ils croyaient plaisanter et évacuaient leurs propres tensions scolaires.


4/ J'ai pardonné. Pour mon bien-être. Ce type de pardon est difficile à expliquer. Ce n'est pas un pardon "pas grave, c'est bon, on passe à autre chose". Pour essayer de préciser, c'est un pardon "tu as sacrément m*. Tes raisons ne sont pas des excuses. Mais je ne passerai plus mon temps à t'en vouloir car c'est à moi que cela fait de la peine. Je lâche prise avec mes griefs."


5/ Le temps est passé. Le temps apaise souvent les choses lorsqu'on lâche prise sur la souffrance passée. J'ai aussi choisi de me servir de cette expérience passée pour une meilleure compréhension de l'autre. Etant passée par là, je peux identifier rapidement une situation de harcèlement et comprendre le chagrin d'une personne harcelée. Je peux contribuer à témoigner. Je peux soutenir et partager mes pistes pour lutter contre ce fléau. 

Et si j'aurais préféré ne jamais vivre ça, cela m'a aussi permis d'être sensible à d'autres souffrances.

De son côté, Mika a choisi de développer sa créativité en réaction. L'art lui ayant permis de montrer qu'il n'était pas "rien" contrairement à ce qu'on lui avait dit.


6/ Il reste la confiance en l'autre et en soi parce qu'être victime de harcèlement, c'est une atteinte à la confiance en soi mais aussi en l'autre, surtout lorsqu'il y a des témoins silencieux. 

J'ai donc d'une part fait un travail sur moi pour développer ma confiance en moi. J'ai aussi choisi d'avoir des personnes très proches qui préservent cette confiance en moi. 


7/ Concernant les autres. La vie n'est même pas un long fleuve tranquille après la fin du harcèlement et toute situation où les autres blessent tend à rappeler certains mauvais souvenirs. On ne peut pas effacer les cicatrices, il a fallu du temps pour l'accepter. Dans ces moments là, j'ai besoin de me rouler en boule au sens propre et figuré. Besoin de remettre les choses à leur place : mon lointain passé de fille harcelée est terminé. En fonction de l'évènement, cela peut être plus ou moins long. Alors je m'ancre ici et maintenant en savourant de petits bonheurs et en pensant à des personnes qui ont su réchauffer mon coeur. Je dispose même de petits carnets avec des mots doux collectés et que je peux lire lorsque la vie me malmène.

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