Concentration de l’enfant : comprendre et accompagner avec bienveillance
- Isa LISE
- il y a 14 heures
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Dernière mise à jour : il y a 20 minutes

Nous avons répété, expliqué et encouragé ; pourtant, notre enfant semble ailleurs. Il n'est pas concentré ! Qu'est-ce qui se passe ? Comment faire pour qu'il se concentre mieux ?
En réalité, l'attention de chacun varie et se disperse régulièrement. Cet article vous propose de comprendre le processus de concentration et de découvrir des pistes pour accompagner votre enfant avec bienveillance.
1. Le processus attentionnel
Lorsqu'on est attentif, des zones impliquées dans la concentration et la mémorisation sont activées.
On comprend donc tout l'intérêt de l'attention pour bien se concentrer.
Types d’attention
En psychologie cognitive, on distingue généralement 7 types d'attention :
Attention soutenue (ou vigilance) : capacité à rester longuement focalisé sur une tâche.
Attention sélective : capacité à se concentrer sur un élément en ignorant les distractions.
Attention partagée ou divisée ou multitâche : capacité à répartir son attention sur plusieurs tâches simultanément (par exemple, siffler en marchant), cette attention suppose que les tâches soient automatisées. On ne peut pas réaliser deux tâches simultanément si l'une n'est pas acquise. De plus, lors d'une de ses conférences, Jean-Philippe Lachaux demande de compter 3 formes différentes à la fois dans un ensemble de formes, et il démontre ainsi que ce type d'occupation multi-tâches n'est pas possible.
Attention alternée : capacité à passer rapidement d'une tâche ou d'un stimulus à un autre (par exemple, surveiller la cuisson d'œufs tout en récitant un poème).
Attention volontaire (ou contrôlée) : attention dirigée vers un objectif précis malgré des sollicitations externes ou internes (par exemple, avoir envie de sortir et choisir de rester concentré sur son travail).
Attention réflexe (ou automatique / stimulus-driven) : processus souvent inconscient (exemple : se retourner parce qu'on a entendu un bruit fort).
Attention émotionnelle : attention guidée par les émotions (exemple : repérer immédiatement un article sur les jeux vidéos car c'est un intérêt fort).
Fonctionnement du cerveau
L’attention mobilise différentes zones cérébrales et circuits complexes. Le cortex préfrontal joue un rôle clé dans la régulation et le contrôle volontaire, tandis que les circuits de récompense influencent fortement la motivation pour rester concentré.
L'adulte est généralement capable de comprendre l'intérêt d'être attentif et concentré pour réaliser le bénéfice à court terme, alors qu'un enfant, a fortiori jeune, a besoin de gratifications immédiates.
Les gratifications immédiates sollicitent fortement l’attention, alors que la capacité à attendre des récompenses différées demande un effort supplémentaire de contrôle et de planification.
C'est pourquoi il peut être compliqué de se concentrer si le cerveau est "dopé" aux gratifications immédiates. Jean-Philippe Lachaux, chercheur en neurosciences, utilise une image évocatrice en parlant du fait de scroller, c'est un peu comme si on se trouvait dans un magasin de bonbons où les récompenses pleuvent à tout va. Or, un discours ou une sollicitation monotone peut inciter à un décrochage rapide. Si l'habitude est grande de disposer très fréquemment de récompenses immédiates, le décrochage est encore plus rapide et plus fréquent.
Pour favoriser l'attention sélective, volontaire et soutenue, il est donc important de favoriser la motivation et le sens. Si un enfant ne comprend pas l'intérêt de ce qu'il doit réaliser, son attention sera limitée et fragile.
2. Facteurs influençant l'attention et la concentration de l'enfant
Différents facteurs influencent attention et concentration. Certains nous concernent tous et d'autres sont spécifiques. En voici une liste non exhaustive :
l'âge : les très jeunes et les plus âgés éprouvent plus de difficulté à rester attentifs et donc concentrés ;
la fatigue : il est nécessaire d'être suffisamment reposé pour bien se concentrer ;
l'alimentation : avez-vous remarqué combien il est plus difficile de rester attentif lorsque la digestion est difficile après un repas lourd ? De plus, des carences en fer, magnésium, vitamines B (notamment B1, B3, B6, B12), vitamine D ou en oméga-3 peuvent affecter l’attention et la concentration. Ces nutriments jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement cérébral, la régulation de l’humeur et la transmission nerveuse.
le fait de bouger suffisamment, c'est en particulier vrai pour les enfants ayant particulièrement besoin d'entrer en action ;
le fait de prendre suffisamment l'air : un apport renouvelé en "oxygène" est indispensable ;
les émotions ressenties : l'anxiété, la frustration ou même la trop forte excitation peuvent bloquer l'attention tandis que la confiance et la joie favorisent la concentration ;
la motivation dont nous avons déjà parlé ;
le contexte personnel : si des pensées particulières occupent déjà l'esprit, il est difficile de rester attentif à autre chose ;
l'environnement : un environnement trop stimulant visuellement ou auditivement complique attention et concentration ;
les explications et objectifs : plus ils sont clairs, plus attention et concentration sont au rendez-vous.
En plus, de ces particularités générales, il convient également de citer les situations particulières d'un enfant avec TDAH qui peine à se concentrer sur des tâches jugées peu motivantes, d'un enfant autiste qui peut être hyperfocalisé sur une pensée ou un intérêt particulier et peiner à s'en détacher, ou d'un enfant avec un trouble d'apprentissage qui s'épuise plus vite, en particulier lorsqu'il y a cumul des tâches.
Les conseils donnés dans la partie 3 seront utiles pour chacun pour améliorer l'attention et la concentration de l'enfant.
3. Pistes d’accompagnement pratiques pour améliorer la concentration de l'enfant
En réalité, nous sommes toujours attentifs à quelque chose : ce qu'on attend de nous, la tâche qu'on nous a assignée, un oiseau qui passe, notre respiration, etc.
Le tout est de choisir de laisser notre attention vagabonder ou bien au contraire de la focaliser sur un point précis.
Il s'agit donc de stabiliser l'attention pour améliorer la concentration.
Créer les meilleures conditions possibles pour l'attention
Limiter les bruits extérieurs, ne pas accrocher trop d'images aux murs, ne pas surcharger les supports d'images, disposer d'un lieu suffisamment confortable (mais n'invitant pas à la sieste) sont de premières idées pour créer un environnement favorisant la concentration.
Apprendre à être attentif
Car oui, ce n'est pas toujours inné et dire "sois attentif" ou "concentre-toi" n'apprennent strictement rien sur ce à quoi prêter attention et comment y parvenir.
Jean-Philippe Lachaux met à disposition un kit pour apprendre à être attentif.
Apprendre qu'être concentré peut nécessiter des efforts
Jacques Salomé utilise une image forte en parlant de certains enfants comme d’"enfants Teflon", sur qui "ni les consignes ni les encouragements ne semblent avoir de prise". Cette métaphore peut nous aider à comprendre les effets cumulés d’un environnement très stimulant, où l’attention est souvent happée par des sollicitations rapides et fréquentes. Si un enfant a pris l’habitude de "zapper" d’une activité à l’autre, il peut lui être plus difficile de s’engager durablement dans une tâche qui demande un effort ou une gratification différée.
Accepter que l'attention est fluctuante
Il est strictement impossible de rester totalement concentré durant des heures y compris si on est passionné par un projet. A un moment donné, l'esprit s'évade. Parfois, le temps est très bref, parfois il est plus long.
En tant qu'accompagnateur ou accompagnatrice, il est alors utile de préciser qu'à tel moment, il est particulièrement important d'être attentif et d'accepter qu'aux autres moments, l'attention sera variable.
Apprendre à se "reconcentrer"
Il est parfois encore plus difficile de se reconcentrer que de se concentrer car la motivation peut avoir disparu.
Il s'agit alors d'apprendre à créer des points d'ancrage. Parfois, cela peut être un petit geste personnel ou un petit objet comme une jolie pierre qu'on regarde l'espace d'un instant. Ce geste ou cet objet nous rappelle notre volonté de rester attentif sur ce qui est en cours en offrant une balise sécurisante intermédiaire.
Créer des routines et des habitudes
Habitudes et routines favorisent la concentration car certaines actions deviennent automatiques.
Expliquer clairement, définir des objectifs clairs
Les longues phrases et les objectifs flous égarent.
Définir des sessions courtes
Parfois, il est nécessaire d'être moins longtemps sur une tâche, mais d'y revenir régulièrement ou bien on découpe une tâche en plusieurs petites tâches. C'est en particulier vrai pour les profils avec difficultés attentionnelles.
Renouveler l'attention
En proposant une autre approche, en mettant en lien, l'attention est favorisée.
C'est une des raisons pour lesquelles nous utilisons la pédagogie de projet.
Proposer activités ludiques et projets concrets
Hors temps d'apprentissage ou pendant les temps d'apprentissage, des activités ludiques et des projets concrets favorisent attention et concentration. C'est une fois encore une des raisons d'être de nos supports.
On peut également proposer des maquettes, expériences, jeux d’espionnage, memory, mandalas, puzzles, jeux de construction, jeux de société, jeux de stratégie, etc.
Inviter à la méditation de pleine conscience, yoga, etc.
Prêter attention à un élément, penser à sa posture et à sa respiration permettent de se recentrer et d'améliorer attention et concentration
Observer et s'adapter
Chaque enfant est unique. Il a son propre rythme, ses propres goûts, son propre mode de fonctionnement. Le placer au centre et lui apprendre à identifier comment il se concentre le mieux, lui permettent d'être plus attentif et concentré.
Conclusion
Ces informations et pistes concrètes vous permettent de disposer d'un maximum d'outils utiles.
Comme vous l'avez compris, attention et concentration se développent progressivement et pas toujours linéairement. En accompagnant l'enfant avec bienveillance, il progresse pas à pas et avance en confiance.
Si vous souhaitez partager d'autres astuces ou faire un retour sur les techniques évoquées, n'hésitez pas à commenter.
Image Pezibear-Pixabay
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