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Les secrets pour mémoriser : la puissance de l'évocation

Dernière mise à jour : 6 déc. 2024


Secrets pour mémoriser : importance de l'évocation
Image pixabay + texte Isa LISE

Bien des difficultés à mémoriser sont liées à un défaut d'évocation.

Démonstration et explications avec cet article en 3 temps :

➡️Exemple afin de montrer l'importance de l'évocation qui permet de faire exister ce qui existe et ce qui n'existe pas.

➡️L'évocation au coeur des 5 gestes mentaux conseillés par Antoine de La Garanderie.

➡️Des pistes supplémentaires pour mieux évoquer et donc mieux mémoriser.


La puissance de l'évocation pour faire exister ce qui existe et ce qui n'existe pas : la preuve par la peur

Pour se convaincre de la puissance de l'évocation, il suffit de prendre deux exemples. J'ai choisi de dérouler ces exemples autour d'un même fait qui parle de peur car la peur est une émotion forte qui permet d'illustrer parfaitement la puissance de l'évocation. De plus, je conclurai avec la peur "bloqueuse" d'évocation.


Exemple 1 : la peur fait exister ce qui n'existe pas.

Pour tout dire, j'ai peur lorsque je marche sur un pont. La plupart d'entre vous ne partagent sans doute pas cette inquiétude-là, mais pour moi, chaque traversée de pont est une épreuve. Parfois, lorsque le pont est joli et l'ambiance, agréable, je parviens à passer outre et à apprécier, au moins en partie. Très souvent, je dois prendre sur moi. Pourquoi ? Intellectuellement, ma peur n'est pas rationnelle. Emotionnellement, c'est la puissance de son évocation qui la rend concrète. Mon cerveau s'emballe, je me vois tomber du pont, me noyer ou bien je vois le pont s'écrouler sous moi, je me vois blessée ou noyée, etc. En lisant le début de mon message, vous n'aviez sans doute aucune idée de ce qui pouvait m'inquiéter. Maintenant que vous avez lu son évocation, vous "visualisez" un de mes scénarios "catastrophe". Si j'écoutais ma peur et laissait mon cerveau poursuivre son évocation, je ne pourrais même plus traverser.


Exemple 2 : l'évocation fait exister ce qui existe.

Ma peur est venue d'une histoire répétée par ma mère alors que j'étais enfant, histoire répétée alors que nous traversions un certain pont. Sous ce pont, ma mère avait failli se noyer alors qu'elle était enfant. En effet, nous vivons près de la Loire or la Loire est un fleuve magnifique, mais il a pour particularité de dissimuler des sables mouvants et des tourbillons. Sous ce pont, elle se baignait. Sous ce pont, un tourbillon l'avait emportée, elle était sur le point d'être engloutie lorsque son oncle est parvenue à la sauver. Si j'avais entendu l'histoire une fois, j'aurais eu peur et je serais sans doute passée à autre chose, mais cet évènement avait traumatisé ma mère-enfant alors je l'ai entendu fréquemment et mon cerveau a associé pont et danger. C'est la puissance de l'évocation d'un fait existant qui a fait exister ce fait qui ne me concernait pas.


La peur, bloqueuse d'évocation

De la même façon, la peur peut bloquer les évocations. On peut bloquer un souvenir douloureux. Mais on peut aussi bloquer un apprentissage en bloquant les évocations.

Pourquoi ? Pour différentes raisons. La première est la peur d'apprendre et de mémoriser car l'apprentissage dirigé est associé à "souffrance". L'évocation de souffrances passées par le cerveau encore meurtri bloque ensuite les évocations nécessaires pour comprendre et retenir.

L'objet de ce message n'est cependant pas de développer à propos de la peur d'apprendre, nous nous concentrerons sur l'importance de l'évocation.


Les secrets pour mémoriser : les 5 gestes mentaux d'Antoine de La Garanderie et le lien avec l'évocation

Dans notre article "visuel, auditif ou kinesthésique, et si on allait plus loin ?", nous avons abordé 3 profils sensoriels (visuel, auditif, kinesthésique). Si cette idée n'a pas été imaginée par Antoine de La Garanderie, il l'a fortement développée en parlant de "langues maternelles mentales". Il a également développé une théorie intéressante avec 5 gestes mentaux :


  • le geste d'attention : la nécessité de se concentrer sur ce qui doit être fait et/ou retenu. C'est où interviennent les "langues maternelles mentales" évoquées dans l'article cité. Dans ce même article, nous insistons sur le fait de ne pas se limiter à une langue mentale. L'évocation est ici visuelle, auditive, kinesthésique.

Prenons l'exemple d'un carré pour lequel il faut connaître la forme et les propriétés.

Visuellement (langage visuel), je vois la forme, je la "photographie" mentalement. Je vois aussi que les segments "face à face" (parallèles) semblent identiques. S'il contient des diagonales, elles semblent de même longueur. Si le carré est codé, je remarque les codes "perpendiculaire" et "segments de même longueur".

Avec ma main (langage kinesthésique), je mesure, j'utilise des outils qui confirment les différentes propriétés. Je confirme aussi que ce sont tous les côtés qui sont de même longueur. J'expérimente donc.

Avec mon oreille (langage auditif), je raconte ce que je vois et ce que j'observe. J'utilise les mots du vocabulaire mathématique.


  • le geste de mémorisation : il s'agit ici d'une volonté de mémoriser. La mémorisation est associée à l'attention. On va chercher à retenir ce qu'on observe et comprendre. Le processus de mémorisation ne s'arrête pas là, il y commence seulement.

En même temps que j'active l'évocation visuelle, auditive et/ou kinesthésique (le plus efficace étant d'utiliser les trois), je cherche à me souvenir de ce que j'observe.


  • le geste de compréhension : se contenter de regarder ne permet aucune compréhension ou même mémorisation efficace, y compris en étant dans une démarche "volonté de mémoriser". Il est essentiel de faire un travail sur ce qui a été compris et de le reformuler à sa façon. C'est une activité de re-évocation.

Si je poursuis l'exemple avec un carré, je peux le faire de plusieurs façons, soit en commençant déjà une activité de réflexion (ce qui sera développé dans le paragraphe suivant), soit en faisant appel à ma propre compréhension du monde et ma propre façon de le percevoir. Par exemple, un carré, c'est, pour moi, un carreau qui s'emboite exactement avec d'autres carreaux peu importe la façon dont je le positionne ; c'est un tableau que je peux tourner dans tous les sens et qui prend toujours la même place ; c'est la forme d'un album photo ; etc.

Ne cherchez jamais à imposer un modèle : le geste de compréhension et de ré-évocation est personnel.


  • le geste de réflexion : on réalise des parallèles avec ce qui est déjà connu, on réfléchit aux différentes étapes s'il y a plusieurs étapes, au matériel à utiliser, etc. On se sert de son expérience, de ses connaissances, etc. On va également anticiper sur ce qui doit être fait, le matériel à utiliser. On stocke également en mémoire avec le projet de le mettre en lien avec de futures notions. Cette étape permet des évocations "en parallèle" : en créant un réseau, la compréhension et la mémorisation s'améliorent.

Avec notre exemple de carré, j'établis des comparaisons avec différentes autres notions notamment les parallèles, les perpendiculaires, les angles, les rectangles, les parallélogrammes.


  • le geste d'imagination créatrice : "Nous avons besoin de ton génie. Tu as quelque chose à montrer, tu as une intelligence du monde, une sensibilité de la vie que tu es seul à posséder.”  (Antoine de La Garanderie) Chacun d'entre nous est unique. Chacun de nous va avoir sa propre façon de comprendre et retenir. Chacun a sa propre façon d'évoquer le monde. Il est important d'avoir confiance en soi et d'oser le faire à sa façon tant que l'évocation est "juste".

Lorsque je choisis d'imaginer un sol pavé pour me souvenir des carrés, je peux aller encore plus loin en imaginant des carrés romains, des formes différentes sur ces carrés, des formes qui se touchent comme des vagues qui se complètent par exemple. Mon imagination est riche, je peux très vite aller encore plus loin. On peut choisir des évocations plus simples ou très différentes, d'autres feront par exemple des parallèles avec la musique. Peu importe, il s'agit d'utiliser sa puissance évocatrice imaginaire.


La puissance de l'évocation : quelques pistes supplémentaires pour activer le processus "évoquer pour mémoriser"


Pour conclure cet article sur les secrets pour mémoriser, nous vous proposons quelques pistes supplémentaires pour la mise en pratique de l'évocation.


  • Pratiquer la narration comme Charlotte Mason le préconisait. Dans cet objectif, on va par exemple raconter ce qu'on a lu ou vu.


  • Pratiquer : en pratiquant, en réalisant et en testant ce qu'on a appris, on réactive, évoque et confirme ses connaissances .


  • Explorer : en explorant ce qu'on a découvert, en le mettant en pratique dans des situations différentes, situations tirées de notre potentiel créatif, nous évoquons encore et nous mémorisons toujours plus.


  • Jouer et manipuler : en utilisant des blocs en bois, des attrimaths, des formes carrées de pavage, on va par exemple évoquer encore d'une autre façon la notion de "carré" et ainsi toujours mieux la comprendre et la retenir.


  • Utiliser des outils de mémorisation : réaliser des cartes heuristiques, des lapbooks, etc., nous permet d'évoquer autrement et de mieux mémoriser.


  • Démontrer : face à un public, on va démontrer ce qu'on a appris ou compris.


  • Discuter : cette fois, on échange sur nos découvertes ou même sur les images évocatrices choisies.


  • Transmettre : en se réappropriant ce qui a été découvert et appris, en le transmettant à un tiers, on l'évoque et active encore plus la mémorisation.


  • La pédagogie de projet car elle permet de réinvestir dans différentes situations et donc évoquer de différentes façons. Précisions sur cette pédagogie dans notre série d'articles à ce propos.


Nous espérons que ce nouvel article vous ouvre de nouvelles pistes pour mieux évoquer, comprendre et mémoriser.

➡️ Pour aller plus loin, vous pouvez consulter nos autres articles sur les secrets de la mémorisation, notre e-book "Mémoire d'éléphant- Mémoriser avec un trouble dys ou pas" ou contacter Isa LISE si vous avez besoin d'un accompagnement personnalisé.

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