Echec ou expérience ?

C'est une réalité : la réussite dépend de plusieurs facteurs.
C'est également une réalité : nous ne partons pas tous du même point de départ, nous n'avons pas tous les mêmes avantages, nous ne rencontrerons pas tous les mêmes obstacles, nous n'avons pas tous le même soutien. Tout cela compte. Alors gardons-nous de comparer, de dire "untel" y arrive, secoue-toi." Untel a probablement un caractère différent, peut-être un vécu plus facile et des atouts que la personne "comparée" n'a pas. Or, il est très démoralisant de s'entendre rappeler à l'ordre et donner un exemple qui ne nous correspond pas. Plus utile de citer quelqu'un qui avait d'énormes difficultés au départ ? Pas nécessairement car tout dépend aussi du caractère, mode de fonctionnement cérébral (oui, là aussi, ça compte) soutien et vécu !
Pourtant, citer une situation précise et préciser comment l'échec a permis d'avancer peut aider, tout est une question de circonstance et d'exemple. Par exemple, je cite Edison qui aurait testé 10 000 prototypes d'ampoules et qui a déclaré "Je n'ai pas échoué, j'ai trouvé 10 000 façons qui ne fonctionnent pas". Cette situation est utile car elle montre qu'il a échoué donc expérimenté de très nombreuses fois, mais également qu'il a choisi d'y voir là des expériences lui ayant permis de découvrir la solution.
Accueillir l'échec
Tout d'abord, il est primordial d'accueillir la déception et l'éventuelle souffrance. Certains passeront aussitôt à autre chose, c'est une question de caractère, de fonctionnement neurologique et d'expériences ! Plus facile de rebondir lorsque la vie va bien et/ou lorsque les situations d'échec ne sont pas trop rapprochées. Respectons ceux qui ont besoin de plus de temps. Ne leur reprochons rien. En voulant bien agir, certains somment aussitôt de rebondir, pas nécessairement avec des reproches, mais avec des "il faut rebondir, passe à autre chose, accepte les choses". Notre corps digère les aliments à une vitesse différente de notre voisin, c'est la même chose pour notre esprit. Si vous n'attendez pas que votre corps digère, vous serez malade. Si vous n'attendez pas que l'esprit digère, l'échec sera difficilement transformé en expérience, l'échec risque d'être rapidement revécu.
Changer de regard
Ensuite seulement, l'échec peut devenir expérience. Pour ma part, j'ai connu beaucoup d'échecs. Si je n'avais pas échoué aux premières épreuves de ma Licence (Licence obtenue au rattrapage), je n'aurais pas su que je ne savais pas apprendre en tenant compte de mes particularités et je n'aurais pas su comment accompagner mes filles pour leur réussite aux examens. Aujourd'hui, je suis reconnue comme une excellente enseignante. Pourtant, ce ne serait pas possible si je n'avais pas appris avec mon premier élève que la façon dont il comprenait lui n'était pas la façon dont je comprenais moi. Cette erreur devenue expérience et formulation adaptée à chacun, j'ai alors commis d'autres erreurs en particulier avec mes filles dys. J'ai voulu enseigner à l'ainée comme j'avais si bien appris à le faire pendant mes cours pour devenir enseignante. Or, cela ne fonctionnait pas. Mes erreurs ont abouti à des impasses, des découragements parfois, puis à de nouvelles tentatives pour qu'enfin, je découvre comment accompagner un enfant à profil particulier. Ce sont toutes ces expériences qui m'ont permis de devenir une bonne enseignante, même si aujourd'hui, je préfère le terme d'accompagnatrice, ayant compris qu'une relation efficace permettant une véritable autonomie de l'enfant, une capacité à s'auto-réinventer passe par un accompagnement horizontal et non vertical.
Et pourtant, d'autres expériences m'ont appris que les enfants et adolescents ne sont pas identiques. Là, où certains ont seulement besoin qu'on ouvre un chemin, d'autres ont besoin d'un accompagnement bien plus complet. Ces enfants ou ados ne sont pas en échec, ils ont des besoins différents, de vivre les expériences qui font sens pour eux.