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Qui sont les familles qui font l'école à la maison (instruction en famille) ?

Dernière mise à jour : il y a 6 jours


Ecole à la maison- Instruction en famille

Mais qui sont donc ces êtres étranges qui choisissent l'école à la maison ou instruction en famille ?

Sur eux, vous lirez un peu tout.

Vous lirez que les enfants sans école sont des petits sauvages "mal élevés" ou des enfants plus ou moins "préhistoriques", vous lirez qu'ils ne disent pas un seul mot grossier (ah le mythe de l'enfant parfait), vous lirez qu'ils savent épeler n'importe quel mot à l'envers et à la vitesse de l'éclair, qu'ils lisent tous dès 4 ans ou au contraire qu'ils ne savent pas lire avant 10 ou 11 ans.

Sur les parents, vous lirez souvent que les parents sont des personnes repliées sur elles-mêmes qui ne veulent pas de la société ou bien encore que ce sont des "bobos pétés de pognon".

En gros vous lirez souvent n'importe quoi !


Minute information par une ancienne maman sans école qui évolue toujours dans ce milieu et qui est reconnue comme une experte dans ce domaine (conférencière, créatrice de supports et programmes, 2 ouvrages publiés à ce sujet : L'école à la maison-Des pistes pour apprendre autrement aux éditions de l'Instant présent et Faire l'école à la maison aux éditions Eyrolles).


Enfant sans école, enfant sauvage ou enfant génie ?

La vie, ce n'est pas du noir ou du gris.

Certains enfants sont très respectueux des règles et des autres, certains peuvent avoir des troubles du comportement et d'autres, manquer de respect. La vérité est souvent entre les deux. Comme pour les enfants scolarisés.

Certains apprennent à lire très tôt et d'autres très tard. Comme les enfants scolarisés.

Certains attendent leur tour et d'autres sont impatients. Comme les enfants scolarisés.

Faut-il continuer ?

Statistiquement, ils obtiennent cependant de meilleurs résultats que leurs camarades scolarisés pour la principale raison qu'ils peuvent apprendre à leur rythme et qu'ils bénéficient généralement d'une bonne ambiance pour apprendre et d'une pédagogie personnalisée.

Statistiquement aussi, ils restent en moyenne 2 ans 1/2 sans école (environ 1 enfant sur 2 resterait seulement une année sans école, beaucoup apprennent en IEF durant 2 ou 3 ans tandis que de nombreux enfants sont scolarisés au collège, que d'autres entrent au lycée et qu'une minorité y reste toute sa "scolarité").


Qui sont les familles qui choisissent l'école à la maison ?

Désormais 4 motifs permettent de pratiquer l'instruction en famille (il faut désormais faire une demande d'autorisation contre auparavant 2 déclarations : une à la mairie et une à l'inspection académique).

Les 4 motifs sont les suivants :

  • état de santé de l'enfant ou handicap

  • pratique d'activités sportives ou artistiques intensives

  • itinérance en France des personnes responsables de l'enfant ou éloignement géographique de tout établissement scolaire public

  • situation propre à l'enfant motivant le projet éducatif

A la lecture de ces motifs, peut-on réellement croire qu'il y a un seul profil de famille sans école?


En réalité, quel que soit le motif de l'instruction en famille, on trouve des familles aux revenus très variés.

J'ai ainsi rencontré des familles au RSA, des familles à revenus modestes, des familles plus aisées et même des familles très aisées.

De la même façon, j'ai rencontré des familles écologistes, des familles croyantes, des familles bourgeoises, des familles parfois élitistes, des familles engagées contre ce qu'elles percevaient comme des injustices ou engagées auprès de leur commune et puis beaucoup de familles qui vivaient simplement leur vie. Comme j'ai pu en rencontrer lorsque je scolarisais.


On rencontre également des parents avec des métiers très variés, le métier d'enseignant étant très représenté... Mais on trouve aussi des maraichers, des chanteurs, des comédiens, des ostéopathes, des coachs, des psychologues, des forains, des médecins, des pilotes, des chauffeurs routiers, des commerçants, des coiffeurs, etc. Tout simplement des hommes et des femmes comme les parents qui scolarisent.


De la même façon, certains parents sont très attachés à une certaine discipline lorsque d'autres sont très dans l'écoute et fonctionnent sur un modèle "horizontal". Il y a des parents écolos, des parents geeks, il y a en fait autant de profils que de parents y compris au sein d'une même famille ! Comme les parents scos.


Prétendre qu'il existe un "modèle" de famille sans école, c'est simplement ne jamais s'être intéressé à la communauté sans école.

L'instruction en famille n'est pas un "micro-monde".


Beaucoup d'entre nous vivent "normalement". Certains sont ou ont été très impliqués dans la vie de leur village. En ce qui me concerne, j'étais membre d'une association locale, comédienne amatrice dans mon village, animatrice de plusieurs ateliers, amie avec plusieurs élus et on m'avait même proposé de rejoindre le conseil municipal.

Nous ne vivions pas en "séparatistes", mais bel et bien en nous intégrant.


Qui est la communauté non sco ?

Pourtant il existe bel et bien une communauté non sco parce que nous partageons très souvent le désir de respecter le rythme de notre enfant et puis parce que plus une catégorie de personnes est victime de préjugés, plus elle a besoin de se "réchauffer" auprès de pairs qui vivent la même chose.

Ce n'est pas facile non plus de dire qu'on est fatigué lorsqu'on choisit l'instruction en famille car la réponse d'une famille hors communauté IEF est généralement "scolarise" sans chercher à voir si c'est la meilleure réponse pour la famille.

Pas facile non plus d'assumer les regards hautains de certains "pff ton gamin, il ne sera jamais bon à rien, c'est n'importe quoi ce que tu fais".

Ou les jugements "il est mal élevé parce qu'il ne va pas à l'école" (scoop l'enfant jugé est souvent autiste et/ou TDAH, ceci dit le parent scolarisant entend également des jugements, simplement il n'entend pas "c'est la faute à l'IEF").

Et puis lorsqu'on tâtonne, on se trouve souvent seul face à la réalité de l'instruction alors qu'on délègue cette charge lorsqu'on scolarise. Dans ce cas aussi, on a besoin d'entraide.

Enfin la communauté permet aussi des rencontres entre enfants.

La communauté non sco permet simplement une réponse à des besoins légitimes.


Quelles sont les raisons de choisir l'instruction en famille ?

Lorsqu'on reprend les motifs, on constate :

  • que certains pratiquent l'école à la maison parce que leur enfant est malade, parfois gravement.

  • que certains pratiquent l'instruction en famille en raison du handicap de leur enfant, parfois alors même que la famille voudrait scolariser, parfois après une très grande souffrance de l'enfant lorsqu'il était scolarisé. L'école inclusive est très loin d'être la norme.

  • parfois même c'est l'école qui ne veut plus de l'enfant, considéré "à problème".

  • des enfants pratiquent du sport ou de la musique de façon intensive, un parcours difficilement conciliable avec l'école sauf sport-études par exemple. Or ce n'est pas possible partout !

  • des enfants vivent loin d'une école. A 3 ans, peut-on passer 3 heures dans un car chaque jour ? Et encore faut-il qu'il y ait un car car parfois ce n'est pas le cas !

  • des enfants suivent leurs parents itinérants.

Et puis il y a tous les motifs 4 (situation propre à l'enfant) :

  • ceux qui n'ont pas encore obtenu la reconnaissance handicap car seuls ceux qui ne sont jamais passés par là peuvent croire que c'est court. En réalité, il faut plusieurs mois à plusieurs années pour rencontrer le professionnel réalisant le diagnostic puis environ 4 à 6 mois, parfois plus encore pour la reconnaissance handicap !

  • il y a énormément d'enfants à haut potentiel qui ont besoin d'apprendre plus vite et plus.

  • il y a des enfants en phobie scolaire qui n'ont pas de reconnaissance motif 1.

  • il y a des enfants harcelés.

  • il y a des parents qui souhaitent un environnement plus paisible pour apprendre (80 % des parents sans école en 2021 reprochaient les bousculades, les humiliations, le harcèlement, etc.).

  • des parents qui en ont assez des cours "en gruyère" avec absence des professeurs et non remplacement.

  • il y a des parents qui ont envie d'une vie alternative moins axée sur la compétition.

  • il y a des parents qui ont envie de donner le temps à leur enfant de grandir : la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 affirme dans son article 26 : "Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants."

  • certains parents veulent transmettre leur foi (essentiellement chrétienne, juive ou musulmane), c'est rarement la seule raison et 83 % des parents sans école n'avaient aucune pratique religieuse régulière en 2021. Des parents qui scolarisent veulent aussi transmettre leur foi. Et une fois encore, pour avoir échangé avec des milliers de familles sans école, beaucoup parlent du rythme de leur enfant, de ses particularités, certains ajoutent que c'est en raison des préjugés liés à leur religion qu'ils ont souhaité se tourner vers l'instruction en famille. Peut-on vraiment nier qu'il existe une peur de l'Islam chez bon nombre de Français ? Or la peur est toujours associée à une appréhension et des préjugés. Pour certains, à des rejets ou même du harcèlement.

Information supplémentaire : il y a actuellement une poignée de parents en désobéissance civile parce qu'ils ont l'impression de ne pas pouvoir dialoguer, que tous les recours sont épuisés et que l'article 26 ainsi que différents textes légaux ne leur semblent pas respectés en raison de nombreux refus d'autorisation. L'ONU a d'ailleurs alerté la France sur le non respect du droit à une alternative scolaire. Ce choix est un choix isolé et pour avoir échangé avec quelques familles l'ayant fait, un choix parfois militant, parfois parce que la famille avait le sentiment que c'était le seul moyen de répondre aux besoins de son enfant à profil particulier pour lequel elle avait reçu ou craignait un refus. Ce n'est pas un choix pris "à la légère" car il peut y avoir des conséquences (enquête sociale, suppression des allocations, amende notamment). Aucune discussion ne sera faite à ce propos, la précision est donnée à titre informatif.

Faut-il s'assurer que l'enfant va bien ? Selon moi, oui. Même si aucun d'entre nous n'aime être surveillé, on ne peut pas agir comme si les parents maltraitants n'existaient pas. C'est aussi pourquoi cela fait des décennies que sont prévus un contrôle pédagogique et une visite de la mairie.

Cependant, la très très grande majorité des familles sans école veut avant tout le bien de son enfant. Les familles sans école sont souvent très impliquées auprès de leur enfant.

Ainsi nous cherchons souvent quelles activités proposer, quels sont les meilleurs choix pédagogiques pour notre enfant. De nombreux parents acquièrent ainsi une véritable expertise.


Le rejet de la différence créé les clivages

Lorsque je lis une certaine presse qui cherche seulement à créer des polémiques et vendre sans se soucier de ceux qu'elle blesse, j'ai envie de hurler. D'une part, c'est une attitude que je ne peux absolument pas comprendre en grande hypersensible éprise de justice ; d'autre part, je suis blessée pour "ma communauté" et plus particulièrement les enfants qui en font partie car ce sont eux qui en souffrent le plus !


Des préjugés nourris, arrosés desservent chacun. Ils créent des oeillères, une vision déformée de la réalité qui empêche de s'ouvrir à l'alternative et à autrui. Ils induisent aussi certains comportements de rejet : un grand-parent peut ainsi "passer son petit-enfant à la loupe" et même se désintéresser de lui parce qu'il n'assume pas le regard du "monde" ; des enfants (plus particulièrement des ados) peuvent rejeter l'enfant parce qu'il est trop différent.


Tout rejet de différence conduit à encore plus de rejet de différences. J'aime que nous soyons différents, donc j'aime que certains aillent à l'école, que certains apprennent dans des écoles alternatives et que d'autres apprennent en famille. Un monde de clones avec des réponses uniques, ce n'est pas ce qui me fait rêver. Et vous ?

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