Votre bébé plein d’énergie est devenu un enfant actif et toujours en mouvement ? Rien de plus normal ! L'enfant a fondamentalement besoin de bouger, c’est physiologique. Cela fait partie des besoins qu’il a pour grandir, apprendre et s’épanouir correctement. Le besoin de mouvements concerne tous les enfants. Pour les profils hyperactifs, cette nécessité est encore plus grande, et doit être là aussi respectée.
Le mouvement, un besoin physiologique de l’enfant
L'enfant déborde d'énergie, ce constat fait par une très grande majorité de parents et d’accompagnants est un fait qui a été étudié scientifiquement.
Ainsi, en 2018, Sébastien Ratel, maître de conférences à l'université Clermont-Auvergne, a comparé les performances physiques et les marqueurs physiologiques d'un groupe d'enfants âgés de 10 et 11 ans avec celles d'un groupe d'adultes et avec celles d'un groupe d'athlètes spécialisés dans les sports d'endurance. Mébaboliquement, les enfants se sont révélés semblables aux athlètes et les ont dépassés en termes de récupération physique ! (article ici et là).
Ce besoin de bouger est particulièrement visible chez les petits et j'ai ainsi pu régulièrement entendre des collègues de la petite enfance surnommer les petits d'1 à 4 ans, les "déménageurs" tant ils bougent et explorent avec leur corps !
De la même façon, plusieurs pédagogues, à commencer par Maria Montessori, attestent de ce besoin de mouvement. C'est un des principes fondamentaux de la pédagogie de Maria Montessori est ainsi : "l'enfant se développe en mouvement".
Le besoin de bouger de l'enfant et la scolarisation
Hélas le milieu scolaire classique ignore trop souvent le besoin essentiel de mouvement de l’enfant. En effet, il contraint cet enfant qui explore le monde avec son corps à rester tranquille.
Combien d'enfants reviennent ainsi chez eux en se plaignant de ne pas avoir pu bouger et d'en avoir éprouvé des difficultés à se concentrer ?
Ce n'est pas pour rien si les écoles Montessori et les écoles où le mouvement est libre emportent un grand succès : les enfants en mouvement y ont leur place, ils peuvent se déplacer et ils apprennent en manipulant.
Véronique Girard, psychosociologue dans "Le corps de l'enfant à l'école" en 1980 : "Lorsqu'on sait que l'enfant forge son tonus postural entre six et huit ans, que c'est l'âge du primaire, et que ces enfants là sont très souvent assis à leur table pendant six heures par jour, cela pose un problème... On demande à la fois à l'enfant d'être réceptif à un enseignement et on le met dans un état de tension tel qu'il ne peut pas être réellement réceptif. En fait, le mouvement est une nécessité physiologique, c'est un besoin, c'est la pulsion de vie de l'enfant, et le supprimer, couper l'enfant de cette pulsion de vie, c'est lui couper son état d'être..."
Dr Guy Vermeil, pédiatre, dans La Fatigue à l'école en 1976 : "Le besoin de mouvement est fondamental, aussi indispensable que de respirer, et l'écolier qui supporte aisément le régime scolaire actuel qui exige de sa part des heures d'immobilité est anormal. Le besoin de mouvement est partiellement satisfait par des exercices d'éducation physique contrôlés. Mais il lui faut aussi des moments d'activité libre et désordonnée. Les deux types d'activité sont indispensables et ne se remplacent pas l'une l'autre."
Il apparait donc comme essentiel de respecter ce besoin de bouger.
Le besoin de mouvement pour l'enfant, une réalité à respecter au quotidien
Les enfants n'ont en réalité pas tous exactement les mêmes besoins de mouvement.
Pour certains, bouger peu alors qu'ils sont encore jeunes n'empêche pas la concentration et le manque de déplacements ne leur pèse pas vraiment, ils ne représentent pas la majorité des enfants. D'autres ont des besoins modérés et d'autres enfin ont des besoins de mouvement forts à très forts.
Une question essentielle reste à se poser : le besoin de manipuler est-il respecté ? En effet, même les enfants avec de faibles besoins de mouvement ont souvent un vrai besoin de manipuler pour comprendre et apprendre certaines notions.
Il est donc fondamental de :
offrir suffisamment de possibilités de mouvements. Dans cet article paru dans Santé-environnement , vous pourrez découvrir plusieurs pistes pour favoriser les mouvements naturels.
offrir la possibilité de se déplacer, de changer de position. Certaines écoles l'ont parfaitement compris et, en instruction en famille, je vous encourage vivement à permettre ce mouvement naturel.
offrir des alternatives aux déplacements avec un bureau balançoire, un vélo pupitre, une chambre à air tendue entre les pieds d'une chaise, un bureau haut devant lequel rester debout, la possibilité d'alterner les lieux d'étude (table, tapis, etc.).
proposer des fidgets ou des balles anti-stress, cela suffit à certains enfants ou permet de mieux gérer l'inaction.
permettre d'apprendre la tête en bas, les pieds en l'air ou en marchant. En réalité, c'est naturel pour probablement la totalité d'entre nous : je ne connais personne qui a besoin d'apprendre strictement dans une même position statique. Si des enfants avec ce besoin existent, je ne les ai pas encore rencontrés.
autoriser à bouger sur sa chaise. Demander de rester tranquillement à table n'est pas possible pour tous, surtout pendant un temps long. Afin d'apprendre progressivement à patienter, on peut demander tout d'abord un temps court avec possibilité de bouger sur sa chaise. Les efforts sont à encourager.
offrir de nombreuses manipulations (un axe essentiel dans notre pédagogie de projet). De nombreux enfants ont particulièrement besoin de bouger, de manipuler, de faire des mouvements pour mieux apprendre.
L'être humain est-il fait pour être immobile ?
L'être humain a évolué. Autrefois, il était nomade. Est-il aujourd'hui tellement différent d'autrefois qu'il est fait pour rester immobile ? J'en doute. Pour ma part, je n'ai jamais été sportive, mon corps refusait de suivre. Aujourd'hui adulte, je ne suis toujours pas sportive. En revanche, je peux constater que trop de temps sans mouvements ankylose mon corps, je peux donc constater que le mouvement me permet de retrouver du souffle. Alors on bouge ? ☺
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