Le TDA (Trouble du Déficit de l'Attention) existe avec et sans hyperactivité. C'est un trouble qui n'est pas forcément facile à identifier. Il présente par contre un impact improtant sur la vie des enfants qui en sont atteints, au niveau des apprentissages mais aussi dans la vie quotidienne. Découvrez ici quelles sont les erreurs communes autour du TDA, et comment identifier le trouble du déficit de l'attention d'une part et l'hyperactivité d'autre part.
Confusions et erreurs courantes autour du TDA (Trouble du Déficit de l'Attention) avec ou sans hyperactivité motrice
Plusieurs confusions ou erreurs se produisent souvent lorsqu'on parle de TDA (Trouble du Déficit de l'Attention) et d'hyperactivité.
1-Un enfant qui bouge beaucoup est systématiquement hyperactif.
Faux. Les tout-petits bougent souvent énormément, c'est un besoin naturel d'explorer avec leur corps. Certains sont hyperactifs, mais il est trop tôt pour en être certain et différencier ce besoin de mouvement et l'hyperactivité.
De plus, certains enfants plus grands sont hyper-dynamiques, mais pas hyperactifs, nous y reviendrons dans la partie 2 du billet.
2- Le TDA n'existe pas : ce sont des enfants qui regardent trop les écrans ou mangent trop de sucre.
Faux.
Pour être honnête, je l'ai cru aussi durant un temps. En effet, une grande quantité de sucre tend à produire une certaine agitation. Et si certains enfants gèrent bien une grande quantité d'écran, ce n'est pas le cas d'un grand nombre d'enfants très sensibles. Or, différentes études ont démontré les effets négatifs d'un grand temps d'écran en particulier sur les enfants avec TDA*, ce qui renforce l'erreur "le TDA n'existe pas, ce sont les écrans qui sont en cause".
Une étude publiée dans The Lancet Psychiatry et réalisée sur des personnes âgées de 4 à 63 ans dont 1 713 personnes atteintes de TDAH et 1 529 personnes sans TDAH à révélé que 5 zones du cerveau sont différentes, plus petites (le noyau caudé, le putamen, le noyau accumbens, l'amygdale et l'hippocampe)**. Le TDA existe donc.
3- Un enfant qui souffre de TDA est aussi un enfant hyperactif.
Faux.
Un enfant peut souffrir d'un trouble de l'attention sans hyperactivité. Le risque est de passer à côté de lui. Cet enfant peut cumuler les difficultés avec par exemple une dyspraxie associée. Dans ce cas, il ne fait pas de grands mouvements comme l'enfant hyperactif, il ne semble pas sur "ressort" et peut être lent et maladroit.
Comment identifier l'hyperactivité motrice ?
L'hyperactivité est difficile à diagnostiquer et ne peut en principe pas l'être avant 7 ans en raison du besoin de mouvements du petit enfant. Vers 6 ou 7 ans, la grande majorité des enfants deviennent plus calmes.
L'enfant hyperactif et l'enfant hyper-dynamique ont tous les deux un très grand besoin de bouger. Dans les deux cas, si ce besoin est contrarié, l'enfant peut présenter des troubles du comportement et même de concentration ! Le fait de changer de position (debout, assis, couché), les vélos-bureaux, ballons-sièges ou simple chambre à air sous un bureau, suffisamment d'exercices peuvent suffire à l'enfant hyper-dynamique et permettre à l'enfant hyperactif de se sentir mieux.
Dans le cas d'une hyperactivité, l'enfant éprouve de très grandes difficultés à se contrôler, même avec ses besoins satisfaits. C'est un enfant qui peine à tenir en place et qui peut se mettre en danger car il peut courir brusquement, sans prendre en considération les dangers. C'est un enfant dont les bras et jambes peuvent s'agiter tout au long de la journée. Il est donc important de lui apprendre à établir un "périmètre de sécurité" autour de lui afin qu'il ne blesse pas les autres sans le vouloir. Cet apprentissage se fait progressivement et, lorsqu'il est calme, on peut lui proposer de tourner sur lui-même bras et jambes tendus pour qu'il arrive progressivement à évaluer ce périmètre.
Une hyperactivité refoulée peut aussi donner lieu à des comportements compulsifs comme se ronger fréquemment les ongles, gribouiller/dessiner énormément, tapoter sur un bureau, mâchouiller un crayon.
L’hyperactivité peut également se manifester par une logorrhée, un afflux de paroles qui peut s’avérer épuisant pour l’entourage. Il est pourtant important de parvenir à écouter régulièrement le bavard. Lorsque vous n’en pouvez plus, vous pouvez lui signaler que là votre cerveau a besoin d’une pause et que vous l’écouterez mieux un peu plus tard. Il risque bien de parler encore, surtout s’il est petit, mais au fil du temps (parfois long), il s’apaisera un peu. Evitez de lui parler fort et tâchez de capter son regard pour qu’il parvienne à écouter.
Sur l'hyperactivité, je vous conseille l'excellent ouvrage de Jean-Charles Nayebi : L'hyperactivité infantile en 90 questions.
Comment identifier le Trouble du Déficit de l'Attention (TDA) ?
Le trouble du déficit de l'attention est plus difficile encore à diagnostiquer lorsqu'il n'est pas associé à l'hyperactivité.
On note notamment :
une mauvaise mémoire dès lors qu'il ne s'agit pas d'un intérêt fort
des oublis fréquents, des étourderies
une difficulté à se concentrer, à rester attentif
une difficulté à s'organiser (d'où l'importance d'astuces et routines)
une difficulté à suivre les consignes, en particulier sur la durée
peut donner l'impression de ne pas écouter, d'être "dans son monde"
un rejet des tâches difficiles, jugées rébarbatives, a fortiori si l'attention nécessaire est forte (l'effort à produire étant particulièrement coûteux) : ce type de tâches doit être limité, entouré d'activités plaisirs et découpé si long
des objets fréquemment perdus (prévoir des astuces pour ne pas oublier, signaux visuels et/ou sonores)
distraction facile si stimulation extérieure donc prévoir un environnement adapté pour se concentrer (une musique douce va gêner certains quand ce sera un plus pour d'autres !)
impression de ne pas savoir sur quoi prêter son attention tant le cerveau est sollicité par de nombreuses sollicitations extérieures (en fait on parle de déficit d'attention, mais il serait plus juste de parler d'un "trop" d'attention avec difficulté à savoir où concentrer l'attention).
difficultés à se reconcentrer en cas de distraction.
impulsivité
Vidéo de Captain Pat dynamique et intéressante sur le sujet :
Les personnes avec TDA peuvent cependant faire preuve d'hyperfocus (hyperconcentration). Elles sont ainsi capables de rester des heures sur une activité qui les passionne comme si "seule celle-ci existait". L'hyperfocus n'est cependant pas réservée aux personnes porteuses de TDA.
Critères de diagnostic dans le DSM-5 à retrouver par exemple sur TDA-H France.
Un pré-diagnostic est généralement réalisé par un neuropsychologue, parfois par le "médecin de famille". Le diagnostic final est établi par un psychiatre ou un neurologue.
Retrouvez également notre rubrique Accompagner avec des fichiers et outils à télécharger.
Cet article est nécessairement incomplet : le TDA avec ou sans hyperactivité, comme tous les autres troubles d'apprentissage, n'est pas un sujet qu'on peut présenter de façon complète en seulement quelques lignes. De plus, si nous connaissons bien le sujet, nous ne sommes pas médecin.
*Bioulac S., Arti L., Bouvard M.P. — Attention deficit/hyperactivity disorder and videogames: a comparative study of hyperactive and control children. European Psychiatry, 2008. Et Bioulac S., Arfi L., Michel G., Bouvard M.P. — Intérêt de l’utilisation du questionnaire des problèmes associés aux jeux vidéos de Tejeiro .Etude exploratoire chez des enfants présentant un TDAH Ann. Medico Psychologiques, 2010.
**Cette étude a été réalisée par les chercheurs de l'université de Radboud aux Pays-Bas.
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