Mon enfant est bloqué pour écrire : comment l'aider à trouver le plaisir d'écrire?
- Isa LISE
- il y a 22 heures
- 6 min de lecture

Les blocages d'écriture sont fréquents chez les enfants. Bien des situations peuvent se présenter : refus d'essayer, blocage devant la page blanche, tentatives d'esquiver la situation, deux lignes rapidement jetées sur une feuille ou recours à l'IA pour écrire à la place, impression d'être incapable, etc.
Et si on essayait d'y voir plus clair ? De comprendre ce qui se passe et comment remédier à ce blocage ?
"Mon enfant est bloqué pour écrire" : comprendre les blocages
Bien des raisons peuvent être responsables du blocage d'écriture.
Nous vous proposons plusieurs pistes.
"Mon enfant a mal lorsqu'il écrit" : les raisons physiques ou neurologiques
C'est la première cause à explorer.
Si la main de l'enfant n'est pas prête, le geste est compliqué. En effet, écrire suppose d'avoir suffisamment développé sa motricité fine. Le recours à un secrétaire est essentiel le temps d'acquérir la fluidité : l'enfant dicte ce qu'il veut exprimer.
De plus, si l'enfant positionne mal son poignet, son bras, ses doigts, il peut avoir mal en écrivant.
Une rééducation en écriture peut être nécessaire pour ajuster la posture.
Si l'enfant souffre de dysgraphie, écrire est compliqué pour lui. Une dysgraphie sévère implique l'utilisation d'un secrétaire, puis d'un clavier.
"Mon enfant déteste écrire" : refus, évitement ou abandon rapide
Certes, il se peut que l'enfant n'apprécie pas la contrariété et que l'écriture soit, pour lui, une contrainte. Mais souvent, il y a plus sous la surface de l'iceberg. L’effort de rédaction lui semble insurmontable parce qu’il ne perçoit pas le sens ou le plaisir de l’écriture.
L’objectif est donc de donner du sens à l’écriture et d'offrir le plaisir d'écrire, c'est l'objet de notre deuxième partie.
"Mon enfant dit ne pas avoir d'imagination" : le syndrome de la page blanche
Certains enfants vivent ce blocage de façon ponctuelle, d’autres peinent à en sortir. Même les écrivains confirmés y sont confrontés.
Adulte, j'ai connu ça. Et c'est terrifiant. La page blanche semble vous happer. Vous avez beau chercher les idées, elles fuient. Et plus elles fuient, plus vous avez le sentiment que vous êtes incapable.
Pour un enfant endurant le syndrome de la page blanche, c'est émotionnellement très difficile.
Certains en viennent à croire qu'ils n'ont aucune imagination !
C'est faux. Ils sont simplement bloqués.
Dans la deuxième partie de l'article, vous découvrirez des pistes pour y remédier. Nous vous conseillons en parallèle de leur montrer à quel point leur monde intérieur est riche dans d'autres circonstances.
"Mon enfant fait beaucoup d'erreurs, il dit "être nul en rédaction" : la peur de l'échec
Lorsque l'enfant écrit avec beaucoup d'erreurs orthographiques et/ou lorsqu'il se trompe fréquemment de consigne, il peut développer une peur de la rédaction.
Découragé, il imagine déjà sa copie stabilotée de rouge incendiaire. Il a donc peur de s'y mettre.
Conseils : limiter les corrections orthographiques dans les situations rédactionnelles, éviter la couleur rouge, proposer (et non imposer) la lecture à voix haute afin de bien le comprendre, valoriser systématiquement les réussites.
"Mon enfant veut que ce soit parfait !" : le piège du perfectionnisme
Certains enfants s'auto-censurent : ils n'osent pas commencer par crainte que le résultat ne soit pas assez bien (ne soit pas parfait) !
Conseils : montrez-lui les imperfections d'un texte qui l'a touché. Parfois même, il pourra constater que ce sont ces imperfections-là qui ont provoqué l'émotion la plus forte.
"Mon enfant a peur de mal faire" : la peur du jugement
L'enfant qui a peur de mal faire, de se tromper souffre généralement d'une peur de décevoir l'autre.
Cette crainte est particulièrement forte s'il a entendu des proches et/ou des enseignants dire qu'il était nul, incapable de rédiger ou pire qu'il semble "idiot".
Il s'agit donc de l'encourager à s'affranchir de l'avis des autres et à écrire avant tout pour lui.
Attention également aux consignes trop introspectives et aux sujets déstabilisants ("décris une personne que tu détestes") qui supposent d'avoir confiance en l'adulte demandeur.
"Mon enfant est nul en écriture comme moi" ou "Mon enfant a un TND, il ne peut pas" : le piège de la pseudo prédétermination
Certains enfants se croient devoir être “fidèles” à un parent qui n’aime pas écrire, d’autres s’enferment dans une étiquette liée à un trouble (dyslexie, TDAH, etc.). Résultat : ils se pensent incapables avant même d’avoir commencé.
Dans la première situation, on encourage à être soi et on peut même se donner une chance d'aimer écrire en relevant des défis avec lui.
Dans la seconde situation, on explique que le cerveau apprend autrement, pas moins bien, cela change déjà la donne.
"Mon enfant ne sait pas par où commencer sa rédaction", "Il ne comprend pas la consigne", etc. : les difficultés d'organisation
Derrière bien des blocages se cache un problème de structuration et d'organisation : l’enfant ne comprend pas la consigne, ne sait pas trier ses idées, organiser son texte, gérer son temps ou se relire.
L'écriture libre et spontanée est une chose.
Mais l'écriture organisée, y compris pour un projet créatif, c'est tout autre chose.
C'est pourquoi nous proposons nombre de fiches explicatives et des outils de relecture dans nos programmes.
Rien ne remplace une relecture personnalisée, c'est aussi pourquoi nous proposons un club des jeunes auteurs.
Comment aider mon enfant à trouver le plaisir d'écrire ?
Maintenant qu’on comprend mieux d’où viennent les blocages, découvrons quelques pistes concrètes pour aider notre enfant à trouver le plaisir d'écrire.
Se libérer des contraintes pour écrire
Physiques : écrire sur une table, c’est bien, mais pas obligatoire. On peut écrire sur le canapé, par terre, ou à l'extérieur ; assis ou les pieds en l'air. Avec un ordinateur, tout devient plus simple.
Supports : carton, bois, sable, vitre, terre, certains murs : tout peut devenir terrain d’écriture.
Rédactionnelles : la calligraphie, les enluminures ou les calligrammes peuvent redonner du plaisir au geste.
Créer une mise en scène
Parfois un joli décor ou une mise en scène peuvent nourrir l'imaginaire.
Un environnement agréable dans lequel on se sent bien libère bien des potentiels.
De plus, une petite mise en scène peut être un plus. Par exemple, imaginons qu'on prévoit un texte "exploration en Antarctique", si on glisse des images sur l'Antarctique et quelques objets clés, l'imaginaire s'emballe !
Offrir des situations variées d'écriture et des projets motivants
En proposant à l'enfant des situations très variées d'écriture, on lui permet d'explorer son potentiel et de libérer son imaginaire.
Pour que l'enfant prenne plaisir à écrire, il est essentiel de rendre à l'acte d'écrire ses principales raisons d'être : communiquer, créer, conserver une trace pour soi (et pour les autres).
On peut, par exemple, proposer :
d'imaginer une histoire
d'imaginer la suite d'une histoire (particulièrement intéressant pour les enfants qui peinent à commencer)
d'échanger avec un correspondant
de tenir un carnet nature sur les observations réalisées
de partager un journal (d'informations, d'expérimentations, avec des activités ludiques et créatives)
de concevoir une chanson
de créer une bande dessinée ou de la compléter en lui proposant des images déjà existantes
de créer des fiches documentaires
de réaliser des critiques de livres, de films, de sorties
de préparer une brochure publicitaire pour un lieu ou un évènement
d'écrire à plusieurs mains avec des amis, la fratrie ou un parent
de créer un journal, un blog, une page pour son animal préféré
de rédiger un texte de son choix sur une de ses passions
Jouer avec les mots et les figures de style
Rien de tel que de jouer avec les mots pour prendre goût à l'écriture.
Ces jeux peuvent prendre bien des formes :
jouer avec les mots et les expressions à l'oral
découvrir de nouveaux mots
jouer à des jeux de société amusants utilisant les mots (exemple : tai chi chuan)
rédiger avec des champs lexicaux offerts
rédiger avec des jeux- figures de style comme nous proposons dans la Magie des mots ados-adultes
Relever des défis d'écriture
Ces défis sont généralement brefs.
Le jeune auteur peut piocher au hasard un sujet donné ou bien il peut, par exemple, sélectionner un des nombreux défis proposés dans nos programmes.
On peut également proposer un galop d'écriture. Durant maximum 20 mn, l'enfant rédige un court texte sur un sujet donné et/ou avec quelques mots offerts.
Il est encore plus vivant de réaliser ces galops à plusieurs. On peut ainsi "galoper" avec lui.
Les défis peuvent également être de longs défis avec un projet plus abouti à la clé. La créativité est alors à l'honneur.
Instaurer une routine d'écriture
Une routine courte, régulière et bienveillante aide à dépasser la peur de commencer.
Même dix minutes, deux fois par semaine, suffisent.
Ainsi j'ai vaincu mon vertige de la page blanche en décidant d'une routine d'écriture. Les premières fois sont difficiles. C'est pourquoi il est essentiel que ces temps soient à la fois courts et motivants.
Petit à petit, le cerveau se libère et l'enfant ose rédiger. Petit à petit, il y prend plaisir.
Offrir des fiches explicatives pour savoir écrire
Des fiches claires sur “comment commencer, continuer, conclure et se relire” donnent des repères concrets.
En toute logique, nos jeunes auteurs disposent de telles fiches et de conseils ciblés.
En conclusion
Lorsque l'enfant découvre du sens à l'expression écrite , le bonheur de créer et un regard bienveillant sur ses mots, l’écriture cesse d’être une épreuve pour devenir une occasion de s'exprimer.
Et vous, racontez-nous : comment votre enfant a-t-il retrouvé le goût d’écrire ? Vos expériences peuvent inspirer d’autres familles à se lancer.
Images pexels
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